En Amérique centrale et du sud, une ancienne légende raconte que des hommes blancs et barbus vivaient autrefois parmi les habitants locaux. Cette curieuse référence à la barbe et à la blancheur dans les traditions amérindiennes soulève des questions sur une éventuelle influence européenne précolombienne en Amérique ancienne.
Selon la version des chroniqueurs espagnols du XVIe siècle, Hernan Cortes, Francisco Pizarro et leurs hommes ont été accueillis comme des dieux par les Aztèques et les Incas parce que leur peau plus claire ressemblait à plusieurs de leurs dieux tels que Viracocha ou Quetzacoatl.
Voici ce que dit Alden Mason, dans Les civilisations anciennes du Pérou, 1991, page 135 :
« L’Empereur Atahuallpa présuma que les Espagnols étaient le dieu créateur Viracocha et ses demi-dieux revenant comme cela avait été prophétisé par de vieilles légendes… »
Dans The Royal Commentaries of the Inca, figure la citation de Garcilaso de La Vega (1539-1616) :
« Le peuple péruvien a appelé les Espagnols « Viracochas » dès qu’ils les ont vus. »
Ces anecdotes ont été rapportées pour la première fois par le conquistador et chroniqueur Pedro Cieza de León en 1553, puis des récits similaires apparaissent, tels que ceux de l’historien et explorateur Pedro Sarmiento de Gamboa ou encore de Juan de Betanzos, qui décrivent Viracocha comme un dieu blanc avec une barbe.
En examinant divers mythes et découvertes archéologiques, certains chercheurs ont proposé des hypothèses intrigantes. Dans son ouvrage intitulé “VIRACOCHA, dieu inca”, Susana MONZON présente le portrait du dieu mythique Viracocha. Selon cette description, Viracocha était à la fois un créateur et un héros civilisateur qui était venu sur le continent depuis la mer. Ses yeux étaient bleus et sa peau blanche.
D’autres divinités, telles que Quetzalcoatl dans la tradition aztèque et le dieu Muisca Bochica en Amérique centrale et du Sud, sont également décrites avec des barbes et des traits physiques caucasiens dans les légendes. Cette convergence de récits soulève des interrogations sur l’origine de cette caractéristique commune. Il est intéressant de noter que la barbe, souvent associée à une influence européenne préhistorique, avait également une signification dans la culture de la Méso-Amérique, même si les populations locales en étaient génétiquement dépourvues.
Bochica, figure de la mythologie chibcha déjà présente lors de l’arrivée des conquistadors espagnols en Colombie et au Panama, est considéré comme le héros fondateur de cette civilisation. Selon la légende, il apporta des valeurs morales, des lois et enseigna l’agriculture à la population. Les Annales de Cuauhtitlan, une source ancienne écrite à l’origine en nahuatl, décrivent le style vestimentaire de Quetzalcoatl à Tula. Il existe également des similitudes entre la silhouette de Quetzalcoatl, le dieu-serpent, et les proues des drakkars vikings, qui représentent des dragons ou des serpents. Bien que l’interprétation de ces mythes puisse être discutable, ces éléments parallèles suggèrent une possible influence.
L’hypothèse développée par le sociologue et anthropologue franco-argentin Jacques de Mahieu afin d’expliquer la présence dans les légendes ou les représentations d’hommes à longue barbe représentant des divinités ou l’élite dirigeante est que les Vikings ont cohabité avec les cultures précolombiennes dans le Mexique de l’époque. Ainsi, il écrit qu’en 987, les Vikings étaient installés au Yucatán dans une tribu maya. Un jour, ils décident de rentrer en Islande tout en promettant aux populations locales de revenir.
Dans son livre, “L’Amérique Latine, idées reçues sur un continent contrasté”, Olivier Dabène soulève de nombreuses questions. Il note plusieurs coïncidences qui accréditeraient cette thèse. « Un mythe fait état du métissage entre les autochtones et les hommes barbus, ce qui justifie la couleur de peau des Indiens blancs du Paraguay », écrit-il. Un thème récurrent est l’origine européenne supposée (en particulier celtique) des fondateurs Chachapoyas.